Visites médicales

L’employeur   est tenu d’organiser le suivi médical de ses salariés tout au long de leur carrière dans l’entreprise. Nous faisons le point sur les visites médicales obligatoires ,   source de nombreux contentieux ces dernières années.

Visite médicale d'embauche avant la fin de la période d'essai  

  Tout salarié doit obligatoirement faire l’objet d’un examen médical, en principe avant son embauche ou, au plus tard, avant l’expiration de la période d’essai. Cet examen a pour but de rechercher si le salarié n’est pas atteint d’une affection dangereuse pour les autres travailleurs, de s’assurer qu’il est médicalement apte au poste auquel il est envisagé de l’affecter, de proposer, éventuellement, les adaptations du poste ou l’affectation à d’autres postes, d’informer le salarié sur les risques afférents au poste et le suivi médical nécessaire et de le sensibiliser sur les moyens de prévention à mettre en œuvre.

Le salarié soumis à une surveillance renforcée (salarié handicapé, femme enceinte, travailleur de moins de 18 ans, notamment) bénéficie obligatoirement de cet examen avant l’embauche.

Les formalités liées à la visite médicale d’embauche doivent être effectuées par le biais de la déclaration préalable à l’embauche.

Sauf si le médecin du travail l’estime nécessaire ou si le salarié en fait la demande, en cas de changement d’entre- prise moins de 12 mois après une visite médicale ayant conclu à l’aptitude, un nouvel examen d’embauche n’est pas obligatoire si l’intéressé est appelé à occuper un emploi identique et si le médecin du travail est en possession de la fiche d’aptitude. Ce délai est porté à 24 mois en cas de réembauche par le même employeur. Toutefois, ces dispositions ne sont pas applicables aux salariés bénéficiant d’une surveillance médicale renforcée.

Un seul examen d’embauche est réalisé en cas de pluralité d’employeurs, sous réserve que ces derniers aient conclu un accord prévoyant notamment les modalités de la répartition de la charge de la surveillance médicale.

Même si la déclaration préalable à l’embauche vaut demande de visite médicale d’embauche, l’employeur doit s’assurer de la réalisation de cette visite.

Visite de reprise après un arrêt de travail de 30 jours

Une visite médicale doit être organisée après :

–   une absence pour cause de maladie professionnelle, quelle que soit la durée ;

–   un congé de maternité;

–   une absence d’au moins 30 jours pour accident du travail ou maladie ou accident non professionnel.

Dès qu’il a connaissance de la date de fin de l’arrêt de travail, l’employeur saisit le médecin du travail pour qu’il fasse passer cet examen médical à l’intéressé au plus tard dans les 8 jours suivant sa réintégration. Le non-respect par l’employeur de cette obligation cause nécessairement un préjudice au salarié.

La rupture du contrat faisant suite au refus par l’employeur de saisir le médecin du travail, alors que le salarié lui en a fait la demande et se tient à sa disposition pour qu’il y soit procédé, s’analyse en un licenciement sans cause réelle et sérieuse.

Le salarié absent de manière répétée, pour une durée à chaque fois inférieure à 30 jours, n’est pas soumis à la visite de reprise obligatoire. En revanche, l’employeur doit organiser la visite de reprise si le salarié l’informe de son classement en invalidité 2ème catégorie sans manifester la volonté de ne pas reprendre le travail, un tel classement étant sans incidence sur son obligation.

Le délai de 8 jours court à compter de la reprise effective du travail par le salarié. Si l’arrêt maladie est immédiatement suivi d’une période de congés payés, la visite peut avoir lieu au retour effectif du salarié dans l’entreprise.

Si la visite a eu lieu tardivement pour une raison indépendante de la volonté de l’employeur, celui-ci doit justifier avoir pris l’initiative de la faire passer dans le délai légal.

Une visite organisée à la seule initiative du médecin du travail ne constitue pas une visite de reprise : le salarié ne commet pas de faute en refusant de s’y rendre. Seule la visite de reprise, lorsqu'elle est obligatoire, met fin à la suspension du contrat de travail, même si le salarié a déjà réintégré l’entreprise (jurisprudence constante). Le refus réitéré du salarié de se présenter à la visite de reprise peut motiver un licenciement disciplinaire, le cas échéant pour faute grave. Mais l’intéressé ne doit pas être licencié pour abandon de poste.

Le salarié qui ne reprend pas le travail à l’issue de l’arrêt maladie, mais qui manifeste son intention de réintégrer l’entre- prise et se tient à la disposition de l’employeur pour subir la visite de reprise, a droit au paiement de son salaire.

Tant que la visite de reprise n’a pas eu lieu, le contrat de travail reste suspendu, même si l’invalidité du salarié est reconnue par la caisse primaire d’assurance maladie.

Visite périodique

Tout salarié doit bénéficier au moins tous les 24 mois d’un examen médical en vue de s’assurer du maintien de son aptitude à son poste.

Par ailleurs, tout salarié peut bénéficier d’un examen médical à sa demande ou à la demande de l’employeur.

Surveillance médicale spécifique

Les salariés affectés à des postes pré- sentant des risques particuliers pour leur santé ou leur sécurité, ou celles de leurs collègues ou de tiers et les salariés dont la situation personnelle le justifie bénéficient d’une surveillance médicale spécifique, selon des modalités fixées par décret (à paraître).

Actuellement, une surveillance médicale renforcée est assurée pour :

–   les handicapés, les femmes enceintes et les travailleurs de moins de 18 ans;

–   les salariés exposés à l’amiante, aux rayonnements ionisants, au plomb, au risque hyperbare, à un niveau de bruit ou de pression acoustique dépassant certains seuils, aux vibrations mécaniques, à certains agents (biologiques, cancérogènes).

Le médecin du travail est juge des modalités de cette surveillance, sous réserve d’au moins un examen médical tous les 24 mois. Cet examen doit donner lieu à une prescription et une interprétation du médecin du travail.

Une surveillance médicale particulière est également prévue en cas de travail de nuit ou de travail sur écran notamment.

Examen complémentaire

Le médecin du travail peut prescrire les examens complémentaires nécessaires :

– à la détermination de l’aptitude médicale et notamment au dépistage des affections comportant une contre- indication au poste de travail ;

– au dépistage des maladies à caractère professionnel ou de celles dangereuses pour l’entourage.

Recours contre l'avis médical

L’avis médical d’aptitude (ou d’inaptitude) peut être contesté par l’employeur ou par le salarié devant l’inspecteur du travail dont relève l’établissement qui emploie ce dernier (mais pas devant le juge judiciaire) 16. Celui qui exerce un recours adresse un courrier motivé à l’administration dans un délai de 2 mois, par  tout  moyen  permettant  de  lui conférer une date certaine. Il en informe l’autre partie. L’inspecteur du travail se prononce  après  avis  du  médecin- inspecteur du travail. Sa décision peut elle-même être contestée dans un délai de 2 mois devant le ministre chargé du travail. Ces voies et délais de recours envisage d’infirmer un avis d’inaptitude, il doit en informer au préalable l’employeur afin de recueillir ses observations.

A noter

Visite de préreprise

Le salarié en arrêt de travail depuis plus de 3 mois peut bénéficier d’un examen médical complémentaire pratiqué par le médecin du travail en vue de préparer son retour à l’emploi. Cette visite, dite de préreprise, ne dispense pas l’employeur de son obligation d’organiser la visite de reprise à l’issue de l’arrêt de travail. La visite de préreprise est organisée à la demande du salarié ou de son médecin traitant ou à l’initiative du médecin-conseil de la caisse de sécurité sociale

Temps partiel thérapeutique

Le mi-temps thérapeutique est une modalité d’organisation du travail permettant à un salarié malade en poste ou reprenant son emploi après un arrêt de travail d’exercer de façon temporaire une activité partielle ou aménagée. Il est mis en place par le médecin-conseil de la caisse d’assurance maladie, sur prescription du médecin traitant du salarié. S’il fait suite à un arrêt de travail d’au moins 30 jours, l’intéressé doit subir une visite de reprise auprès du médecin du travail, qui met fin à la suspension du contrat de travail.

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